Japon : Le visa culturel

Parmi les différents visas existant pour venir vivre au Japon, le visa culturel est probablement l’un des plus méconnus. Avec cet article je vais donc vous expliquer en détail ce en quoi il consiste afin de vous aider à y voir plus clair.

Un visa peu connu du grand public

En tant que Français, il existe plusieurs visas vous permettant de venir vivre au Japon que ce soit sur le moyen ou le long terme. Les plus connus sont certainement le visa travail et le visa étudiant. Moins de personnes savent cependant qu’il existe une autre catégorie de visa, appelée « Visa Culturel » (Bunka katsudo-文化活動) Cultural Activities en anglais.

Ce visa vous permet de venir vivre au Japon un certain temps afin de faire des études et de développer des compétences dans le domaine artistique de votre choix.

Le visa culturel attire toutefois moins de public car malgré le fait qu’il permette de découvrir et d’acquérir des connaissances artistiques et culturelles, beaucoup d’étrangers attirés par le Japon choisissent de passer par des voies plus traditionnelles, c’est-à-dure études, travail ou mariage pour s’installer sur l’archipel.

Le visa culturel est par conséquent moins mis en avant par les autorités japonaises car contrairement aux personnes bénéficiant de visas étudiant ou travail, les projets culturels apportent peu à l’économie japonaise.
Les quelque 300.000 étudiants internationaux présents sur l’archipel en 2019 constituent un apport économique non négligeable et le Japon supporte vigoureusement le développement de cette manne financière.
Il en va de même pour les travailleurs étrangers de toutes catégories (entre 1.5 et 2 millions de personnes en 2019) qui apportent non seulement leur force de travail mais aussi boostent l’investissement et la consommation locale grâce à leur présence.

Moins attractif pour le Japon et moins populaire auprès d’un public étranger qui préfère plutôt venir travailler ou étudier la langue, ce type de visa attire donc moins de monde et est par conséquent quelque peu laissé dans l’ombre.

Le Visa Culturel au Japon
La carte de résidence japonaise (在留カード) avec un visa culturel.

Pourquoi faire un visa culturel au Japon ?

Si vous savez déjà précisément quel art vous voulez étudier au Japon mais que vous ne saviez pas comment faire pour venir l’étudier au Japon, alors le visa culturel est fait pour vous.
Autrement, pour ceux qui ne veulent pas étudier le japonais ou qui n’ont pas envie de travailler sur l’archipel, ce type de visa peut être une solution alternative intéressante, vous offrant l’opportunité de développer vos compétences dans le domaine artistique tout en vous laissant la possibilité de travailler et suffisamment d’autonomie pour effectuer d’autres activités.

Et il est aussi plus facile de trouver une école d’art qui vous sponsorise qu’une entreprise désireuse de vous embaucher.

Quelles activités culturelles sont éligibles ?

Il n’existe pas de liste officielle énumérant précisément les activités autorisées. L’activité étudiée peut être de type académique, dans le cadre d’une recherche sur l’art en question ou artistique. La seule condition évidemment est que ce soit un art traditionnel nippon.

Heureusement, le domaine artistique au Japon est vaste et vous aurez l’embarras du choix pour trouver une activité qui vous plaise. Que ce soit de la calligraphie au pinceau (shuuji – 習字), la cérémonie du thé (sadou – 茶道), la musique ou la peinture, des sports comme le judo ou l’aïkido ou encore l’ikebana (生花) l’art traditionnel japonais de la composition florale.

Vous pouvez aussi choisir des activités moins conventionnelles comme le kintsugi (金継ぎ) par exemple, l’art de réparer des poteries avec de l’or, le taiko (太鼓) le tambour japonais, le boulier (soroban – そろばん), la religion zen (禅), la culture des bonzaïs ou même pourquoi pas le sumo si votre corpulence vous le permet !

Japon : Le Visa Culturel
Un évènement dans une école de calligraphie à Osaka.

Est-il possible d’étudier ou de travailler tout en faisant un visa culturel au Japon ?

Tout comme le visa étudiant qui, comme son nom l’indique, est un visa conçu pour effectuer des études de japonais, l’activité principale d’un visa culturel doit être l’apprentissage d’un savoir-faire typiquement nippon. Le temps consacré à votre activité secondaire ne doit pas excéder le temps alloué à votre étude de l’art.

  • Concernant les études, rien ne vous empêche d’étudier le japonais quelques heures par semaine au sein d’un établissement si votre emploi du temps vous le permet. Vous ne pouvez en revanche pas passer par un visa culturel pour intégrer une école de langue à plein temps. Cependant si à la fin de votre visa culturel vous désirez entamer des études de japonais, la transition est possible. Il vous faudra trouver une école de langue qui vous sponsorisera puis changer le statut de votre visa culturel en visa étudiant depuis le Japon.
  • Tel quel, un visa culturel ne vous permet pas de travailler car techniquement vous n’êtes pas censé travailler pendant la durée de votre visa. L’immigration vous demandera d’ailleurs de prouver que vous disposez d’une somme d’argent suffisante lors de votre dépôt de demande. Mais comme avec un visa étudiant, vous avez tout de même l’option de trouver un emploi à temps partiel pour financer votre projet.
    Il vous faudra solliciter à l’immigration une dérogation spéciale appelée Shikakugai Katsudou Kyoka (Permission to Engage in Other Activity en anglais) qui vous permettra de travailler un maximum de 28 heures par semaine. Il vous faudra aussi obtenir une promesse d’embauche de la part d’un employeur afin de pouvoir obtenir la dérogation. Impossible donc d’effectuer autre chose qu’un travail à temps partiel. Vous aurez les mêmes limitations que pour les visas étudiants et les Visas Vacances-Travail, c’est-à-dire qu’il vous sera interdit de travailler dans les bars et débits d’alcools (dont certains restaurants car ils servent de l’alcool) ou encore les pachinkos par exemple.

Lire aussi : Travailler au noir au Japon

Spécificités et informations sur le visa culturel

  • Vous n’avez pas besoin d’avoir d’expérience dans le domaine ciblé. Il est évidemment préférable d’avoir de l’expérience et de vouloir simplement approfondir ses connaissances, mais vous pouvez parfaitement commencer à étudier une activité en tant que novice.
  • Il n’y a pas d’âge limite pour le visa culturel. C’est un gros avantage par rapport au Permis Vacances Travail qui lui est limité à 30 ans.
  • C’est un visa qui ne vous permet pas de toucher une rémunération grâce à l’activité culturelle que vous effectuez.
  • Il n’y a aucun quota minimum d’heures à effectuer, mais l’ambassade se réserve le droit de refuser votre dossier si le nombre d’heures que vous comptez étudier est trop bas. Idéalement, au moins 12 à 18 heures par semaine est une durée suffisante, mais tout dépend du type d’activité choisie et des possibilités d’apprentissage proposées par l’institution. Chaque demande de visa sera étudiée au cas par cas.
  • Concernant la somme d’argent à justifier au moment du dépôt de votre dossier, aucun montant précis n’est spécifié par les autorités compétentes. Mais comme pour un Visa-Vacances-Travail (WHV/PVT) étant donné que vous êtes censé subvenir à vos besoins pendant un an sans travailler, la somme devrait idéalement être supérieure à 3000€/4000€. Un simple relevé bancaire suffira pour prouver vos économies.
  • Même il est possible d’avoir 3 mois, 6 mois ou 3 ans, un visa culturel a une durée standard d’un an et peut être renouvelable plusieurs fois en fonction du temps nécessaire à l’apprentissage de l’activité. Il ne semble pas y avoir de limite au nombre de renouvellements, mais les services de l’immigration japonaise entreront certainement en contact avec vous après un certain nombre de renouvellements pour vérifier la cohérence de votre projet et que vous n’abusez pas du système. De source sûre, je sais qu’il est possible de le renouveler au moins neuf fois, mais tout dépend bien sûr de l’activité choisie et vous aurez probablement droit à quelques coups de fil de la part de l’immigration.
  • Il n’est pas possible de postuler depuis le Japon pour votre première demande de visa culturel. Si vous êtes au Japon avec un visa de tourisme, vous devriez pouvoir faire votre demande de Certificate of Eligibility – C.O.E* – sur place, mais vous devrez faire votre demande de visa depuis la France. Si vous êtes déjà au Japon en possession d’un autre type de visa, vous pourrez en revanche effectuer un changement de statut directement sur place (plus besoin de refaire un C.O.E dans ce cas).

* Le C.O.E est un document préliminaire que toute personne doit obtenir lors d’une première demande de visa afin de pouvoir rester au Japon. C’est une sorte d’attestation indiquant que vous êtes éligible à déposer une demande de visa, quel qu’il soit.

  • Chaque demande de visa culturel étant unique, l’ambassade de France, les consulats ou les services de l’immigration se réservent le droit de vous réclamer n’importe quels documents complémentaires (une lettre de motivation ou de recommandation par exemple) lors de votre première demande ou lors du renouvellement. Cela peut dépendre de votre nationalité ou de votre situation familiale par exemple.
  • Il est possible de temporairement quitter le territoire japonais pendant la durée de votre visa culturel. Il vous suffit de faire une demande de Re-Entry Permit auprès des services de l’immigration.
  • Les prix des écoles varient de plusieurs dizaines de milliers à plusieurs centaines de milliers de yens par an. Renseignez-vous donc méticuleusement sur les frais et les dépenses que vous aurez à payer.
  • Les frais de visa sont de 24€ en France et de 4000¥ au Japon.
Une école d’aïkido sponsorisant des étudiants étrangers.

Quelles sont les démarches à faire afin d’obtenir un visa culturel ?

Afin d’obtenir votre visa culturel, il vous faudra effectuer un certain nombre de formalités, un processus assez similaire au Visa Vacances Travail. Voici les principales étapes :

  1. Trouvez un sponsor, c’est-à-dire une école d’art ou un expert/maître qui accepte de vous parrainer. Lors de votre recherche contactez simplement par mail, en anglais ou en japonais si vous le pouvez, des institutions afin de savoir s’ils sponsorisent des étudiants étrangers. Une fois un accord trouvé auprès d’une institution ou d’un expert/maître, vous pourrez commencer la démarche auprès de l’ambassade du Japon en France ou auprès des services de l’immigration japonaise si vous êtes déjà au Japon avec un autre type de visa.
  2.  Rassemblez les documents. Une fois le sponsor trouvé, vous pouvez commencer à constituer votre dossier. Si vous ne l’avez pas déjà, le C.O.E est le premier document que vous devriez chercher à obtenir car sans celui-ci vous ne pourrez pas déposer votre dossier. La liste des documents peut quelque peu différer en fonction de votre situation et de l’activité choisie, mais les principaux sont les mêmes pour tous :

le C.O.E, le formulaire de demande de visa, une photo récente, un relevé bancaire ou autre justificatif similaire, votre passeport/carte de résident, une lettre de motivation et/ou un CV, votre programme d’étude détaillé et des documents précisant les activités enseignées par l’établissement concerné (brochures, magazines, site Internet, etc). Si vous apprenez auprès d’un maître, il vous faudra également fournir une certification de son expérience/talent dans le domaine concerné. N’hésitez pas non plus à joindre tout autre document pertinent pouvant appuyer votre dossier.

  1. Déposez votre demande de visa en personne auprès de l’ambassade du Japon en France à Paris ou du consulat dont vous dépendez. Rien ne vous empêche cependant de vous trouver au Japon pour faire votre recherche de sponsor ainsi que votre demande de C.O.E.
  2. Patientez ! La procédure prend généralement quelques jours en France et plusieurs semaines au Japon. Dans tous les cas, prenez-y vous à l’avance quand même. Une fois le visa obtenu et après être arrivé au Japon, faites une demande de dérogation auprès des services de l’immigration japonaise si vous voulez pouvoir travailler.

Liens utiles

Cet article fait partie d’une série d’articles en cours d’écriture sur les différents types de visa permettant de venir vivre au Japon. Voici d’autres articles qui pourraient vous intéresser :

À bientôt sur MycrazyJapan !

 

9 Comments

  1. Bonjour, j’ai vu que vous mentionniez le zen pour ce visa d’activités culturelles, pourriez-vous donner plus de détails de structures auxquelles s’adresser ? Merci d’avance ! Cordialement, Salocin

  2. Bonjour, merci beaucoup pour cet article très complet et instructif. J’ai bien lu que la présence physique du demandeur de visa est obligatoire pour une première demande mais est-il possible de faire une demande si on habite à l’étranger?? Cela me paraît un peu ridicule de devoir payer un billet d’avion pour rentrer en France juste pour faire sa demande. Il doit bien y avoir d’autres possibilités non?

    • Salut, je réponds un peu à la bourre désolé. En fait je ne connais que des gens qui étaient déjà au Japon quand ils ont fait leur demande mais je pense qu’en fonction de l’organisation/institut il est possible de pouvoir faire la paperasse à distance.

  3. Merci beaucoup pour cet article très complet et synthétique. Il n’est pas évident de trouver des infos sur ce visa ! Je me demande si les résidences d’artiste (villa Kujoyama) utilise d’ailleurs ce visa.

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