Monter un business sans parler japonais ?

Monter un business avec les japonais sans parler japonais ?

Dans cet article je vous propose un cas particulier de business applicable à tous les passionnés du Japon qui ont un ordinateur et une connexion internet. Si vous parlez anglais cela suffira. Le japonais ? Encore mieux.

Je m’appelle Axel, je suis fondateur de Kigurumi-Fance et je remercie Emmanuel d’avoir accepté mon invitation à écrire sur MycrazyJapan pour parler d’un sujet qui l’intéresse et vous intéresse : l’entrepreneuriat entre le Japon et la France. Avec comme exemple, le site de vente de pyjama japonais www.kigurumi-france.com et les pyjamas licornes.

Pour répondre à cette vaste question : comment réussir son business avec le Japon ? Nous nous focaliseront sur l’import-export de produits et l’on parlera d’exemple de vente, des façons de vendre et des spécificités japonaises.

3 business à votre portée que vous sous-estimiez

Vous vous dites peut-être : « vendre, ok, mais quoi ? ». Si vous souhaitez faire du commerce avec n’importe quel pays il vous faudra vendre un produit ou un service. Si vous ne savez pas quoi vendre, vous pouvez toujours vendre un produit qui existe déjà mais qui n’est pas présent au Japon.

Si vous êtes français, voici 2 spécialités bien de chez nous qui s’exportent toujours autant : les boulangeries et les crêpes.

Je m’étonne toujours de trouver des reportages de millionnaires qui ont fait fortune grâce à un produit aussi simple qu’une baguette. D’ailleurs cette formule est tellement efficace qu’elle touche également mon entourage. J’ai appris qu’un de mes amis français venait d’ouvrir sa 3ème crêperie en Suède où il réside. Ça marche toujours autant !

Évidemment tout le monde n’est pas boulanger ou crêpier, mais l’idée reste la même : ce qui a fait ses preuves dans un pays peut les faire dans un autre.

Pour la 3ème idée, je résumerai en vous disant que tout est une question d’expertise (ou de passion).

A l’ère du digital et des formations en ligne, un marché mondial estimé à 1000 milliards de dollars, il y a de la place pour vous et la vente de votre savoir. Vous êtes peut-être jeune, mais vous vous y connaissez sûrement dans un domaine. Si c’est la pâtisserie votre truc et que vous parlez japonais, alors peut être qu’un blog sur le sujet ou une chaîne YouTube qui traite des desserts avec votre « french touch » intéressera une audience japonaise. Ce sera l’occasion de vendre des recettes typiquement françaises. Encore une fois cet exemple est déclinable, prenez plutôt l’idée que le produit en soit.

Un produit qui donne le sourire : le pyjama licorne

Vous pouvez également faire l’inverse et prendre un produit qui marche au Japon pour l’importer en France.

Prenons le cas des combinaisons animaux que l’on appelle aussi les kigurumi (terme japonais désignant une grenouillère). En 2013, ce produit commençait à être populaire en France et on en apercevait dans certaines boîtes, en festival de musique et dans les conventions comme la Japan Expo. En voyant de plus en plus de pyjamas licornes, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de site internet spécialisé dans les kigurumi en France.

C’est à ce moment-là que je pris la décision de créer un site de e-commerce d’import-export de produits japonais.

Suivre une tendance : l’exemple des licornes

Je n’avais pas fait d’étude de marché pour savoir si mes kigurumi allaient se vendre, ça s’est fait plutôt par intuition et désir d’aventure. L’intuition, c’est tout de même tangible. Elle est basée sur notre ressenti et notre inconscient. Si vous voyez autour de vous énormément d’intérêt pour les licornes, actuellement déclinées en mug, t-shirts, bouées gonflables. Alors, par intuition, vous savez qu’un pyjama licorne d’origine japonaise peut marcher.

D’ailleurs quelques mois après avoir décidé de créer le site, Natoo partageait son clip en kigurumi licorne bleu, rose et mauve.

Ce qui a marché à l’étranger ne marchera pas forcément chez vous.

Je me souviens avoir passé un entretien en 2014 pour vendre une boisson à base d’eau de coco très populaire au Brésil, mais pas encore en France. Avant de passer l’entretien, j’ai acheté cette boisson afin de mieux la vendre si on me faisait passer un test, et… J’avais du mal à finir… Je crois que la marque existe encore et est même présente dans des grandes surfaces. Ils ont réussi à décoller, un peu… Mais pas autant qu’au Brésil où c’est apparemment l’équivalent du Coca Cola. D’ailleurs Kigurumi-France n’est pas non plus devenu le Nike des déguisements animaux, mais je reste très satisfait.

Comment vendre ses produits japonais ?

Peut-être que certains d’entre vous connaissent « Ici Japon » la chaîne de Benoît, alias Tev. J’ai moi-même commandé des bonbons japonais depuis sa boutique pour les offrir à une amie. Pourquoi ? Je n’aurais jamais acheté des bonbons japonais sans les avoir vu sur YouTube. Benoît a réussi à créer une communauté sur YouTube qu’il monétise aujourd’hui.

L’importance de se différencier pour réussir

Tout le monde n’a pas une chaîne avec des centaines de milliers d’abonnés à qui vendre un produit qui lui est cher. Mais je vais vous donner quelques idées pour être visible.

En ce qu’il concerne Kigurumi-France, nous sommes 2500 sur notre page Facebook mais sa grande force, c’est son référencement. Si vous tapez « kigurumi » sur Google alors vous tomberez sur mon site.

Pourquoi je vous parle de ça ? C’est parce que pour vendre n’importe quel produit ou service, il faudra vous différencier de la concurrence. En me formant au SEO (ou référencement) à l’école et chez moi, je me suis mis à apprécier ce travail au point de remporter un concours interne à l’école. Aujourd’hui, je propose d’ailleurs mes services en référencement en plus de mes sites de e-commerce. C’est devenu un atout indéniable pour mon marché avec d’autres points : la qualité des kigurumi et le partenariat exclusif avec Sazac.

Les canaux de vente sont nombreux et parfois insoupçonnés, il suffira d’une compétence qui vous est propre pour mieux vendre vos produits.

La concurrence : danger ou opportunité ?

Certains entrepreneurs vous affirmeront que la concurrence est une bonne chose car elle signifie que le produit se vend.

La concurrence est toujours présente mais cela vous pousse à grandir et à innover. Par exemple c’est dans un souci de notoriété et pour me différencier de sites comme kigurumiboutique (ils vendent des copies de kigurumi Sazac) que je collabore de plus en plus avec des influenceurs comme Emmanuel.

Mais il y a aussi la concurrence déloyale où seule la justice peut vous aider. Devant la déferlante du dropshipping, certains sites ne mentionnent pas les règles élémentaires du e-commerce à savoir « les mentions légales » ou « les conditions générales de vente » et vendent des produits sans licence d’exploitation. Dans ce genre de situation, un entrepreneur doit se former et demander de l’aide à des professionnels de domaines complètement différents du sien (le droit en l’occurrence).

Heureusement pour moi, mon partenaire Sazac travaille en relation avec des groupes immenses comme Disney. Les procédures juridiques prennent du temps, mais fonctionnent et sont lourdes de conséquences pour les apprentis e-commerçants.

Les spécificités japonaises

Vous êtes sûrement un admirateur de la culture japonaise, mais vous n’avez peut être jamais parlé à un japonais ? Cela peut être compliqué de créer sa boîte si vous ne connaissez pas les us et coutumes des habitants.

Premièrement, d’un point vu pratique c’est surtout la distance et donc le décalage horaire qui pose un problème. Si vous êtes amené à travailler avec eux, sachez qu’il faudra travailler soit en pleine nuit soit le matin jusqu’à, au mieux, 10h30. C’est très peu, surtout quand il y a urgence.

Avant d’aller plus loin, sachez que je ne me suis jamais rendu au Japon et que je ne parle pas la langue. Les rencontres professionnelles se sont faites en France. Il est donc possible que ce que je partage sur les spécificités japonaises soit connu pour certains d’entre vous.

Ce que j’ai appris du travail avec les japonais.

Deuxièmement, le plus gros problème avec les Japonais concerne la communication. En cas de crise ou de conflit surtout. Dans la suite de l’article, je vais vous raconter comment la communication japonaise m’a mis dans une situation de stress «hardcore »!

Pendant nos 4 années de collaboration avec Sazac, nous avons essayé plusieurs façons d’importer plus facilement des kigurumi. Notamment une fois où l’idée était de sous traiter un stock temporaire en Europe. Je ne vais pas rentrer dans des détails mais en gros ça n’a pas marché. La coordination avec le sous-traitant était mauvaise.

Pendant cette période, j’avais pris un risque en investissant plus dans l’achat de pyjama licorne afin d’anticiper une demande pour la période de Noël. Pour cette opération j’avais choisi de m’y prendre 4 mois à l’avance. Sachant qu’il fallait moins d’un mois pour être livré, j’étais large… Enfin… C’est ce que je pensais ! J’espérais recevoir les pyjamas licornes en septembre et…rien. Je pose des questions par mail à mes partenaires japonais qui ne répondent pas ou alors très en retard.

Octobre, toujours pas grenouillère licorne… Halloween passé, cela avait réduit le stock pour Noël, il ne restait plus qu’un mois et demi pour être rassuré. Pendant ce temps je recevais des réponses comme « oui nous allons voir avec le sous-traitant ».

Novembre toujours pas de kigurumi licorne. Donc là je suis presque sur de perdre une grosse partie du chiffre d’affaires annuel… Arrive décembre et je décide quand même de faire des précommandes pour les produits en rupture de stock afin que mes clients puissent commander leur pyjama licorne et leur assurer une livraison pour Noël… C’était horriblement stressant parce que mes partenaires Japonais m’assuraient la livraison pour mi-décembre sans donner de preuves tangibles ! J’étais complètement stressé, mais je leur faisais confiance malgré leur communication limitée…

Finalement les pyjamas licornes sont arrivés !

Ouf ! Mais j’avais retenu la leçon : en période de crise, je n’avais reçu aucune communication claire. J’ai l’impression qu’il est très difficile pour eux de dire « non ». À tel point que cela peut devenir catastrophique.

Je n’aimerais pas terminer sur une mauvaise note, alors je vais vous partager la plus grande qualité des japonais.

J’étais étudiant lorsque j’ai contacté Sazac. Je n’avais aucune expérience concrète dans le business et bien sûr on ne s’était jamais rencontré. Je ne sais pas si les japonais sont un cas isolé car le monde des affaires n’est pas réputé pour sa bienveillance. Malgré tout, j’ai reçu la confiance de Sazac et cette fidélité accordée fut et restera le socle de notre relation pour les prochaines années à venir.

Dernier point essentiel : L’importance de prendre des risques

Lorsque vous êtes en stage et que vous envoyez toutes vos économies d’étudiant à un inconnu à l’autre bout du monde pour acheter des combinaisons d’animaux…Cela peut vous donner des sueurs froides. Mais ça en valait carrément la peine ! L’expérience acquise avec Kigurumi-France et Sazac m’a donné la confiance pour développer d’autres activités et d’autre e-commerces en parallèle.

Avec cet article, j’espère vous avoir apporté une vision claire des opportunités commerciales qui s’offrent aux français désireux de travailler avec le Japon.

 

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