La crise économique liée à la Covid-19 a détruit de nombreux emplois dans de nombreux secteurs, au Japon comme ailleurs. Mais sur l’archipel, ce sont essentiellement les étrangers qui ont été les principales victimes de cette crise liée à l’emploi. Voici comment la crise du Covid a affecté l’emploi des étrangers au Japon.
Quel a été l’élément déclencheur ?
Le 21 mars 2020, le Japon a établi des restrictions d’entrée pour la plupart des voyageurs internationaux sur son territoire et a ainsi fermé presque complètement ses frontières. Des touristes aux voyageurs d’affaire en passant par les visas courts (Working Holiday Visa, visas culturels, etc), très peu de visiteurs étrangers ont depuis pu poser le pied dans le pays.
Le gouvernement a également annoncé la suspension temporaire de tous les visas délivrés au début de l’année 2020 par les ambassades ou consulats du Japon de certains pays. Une situation d’ailleurs ressentie par beaucoup comme inéquitable et incohérente, car les citoyens Japonais ont eux pu partir et revenir du pays pendant des mois sans aucune limitation.
Plus d’infos ici : JR Pass – Informations pour les voyageurs
Depuis lors, les demandes de visas en cours ont toutes été annulées et presque aucune nouvelle demande de visa n’a été possible, privant les entreprises japonaises de la possibilité de faire appel à toute main d’œuvre extérieure et aux étrangers qui le désiraient de venir travailler sur l’archipel.
Quant aux étrangers déjà présents dans le pays, ils se sont soudainement retrouvés confrontés à une réduction de leur temps de travail, quand ils n’ont pas purement et simplement perdu leur emploi.
Et comme à chaque fois qu’une catastrophe arrive au Japon, la crise de la Covid a même poussé une partie d’entre eux à fuir le pays.
Comment la crise économique affecte les étrangers au Japon ?
Entre fermeture des frontières depuis plus d’un an et demi et multiples états d’urgences, il a été bien plus difficile pour ceux qui sont restés sur l’archipel de garder ou trouver un emploi stable, voire un emploi tout court.
Depuis le début de la pandémie, la main-œuvre étrangère a été considérée comme une variable d’ajustement par les entreprises. Des stagiaires aux étudiants à la recherche de baitos, jusqu’aux travailleurs indépendants et aux expatriés travaillant dans de grandes entreprises, la crise a touché de près ou de loin toutes les catégories d’étrangers ici.
La seule conséquence vaguement positive de cette crise, c’est qu’elle a eu pour effet de raréfier quelque peu la main-d’œuvre étrangère. Avec un nombre de candidats étrangers en diminution constante pendant des mois et l’impossibilité de recruter à l’étranger, les entreprises et établissements japonais cherchant à recruter du personnel ont dû se contenter des candidats présents sur place.
Mais comme globalement l’offre de postes a aussi baissé au cours de la période, la balance s’équilibre et cette nouvelle conjoncture n’a pas eu un impact suffisamment significatif. La concurrence pour les rares postes disponibles est donc restée relativement rude.
Pourquoi les étrangers sont les plus affectés par la crise ?
Les étrangers résidant au Japon exercent pour beaucoup des emplois dans le secteur du tourisme, de la restauration ou de l’hôtellerie. Et ce sont justement trois des secteurs qui ont subi la crise économique de plein fouet au Japon.
Le pays qui accueillait 30 millions de touristes par an avant la crise et qui s’était fixé comme objectif d’en accueillir 40 millions sur l’année 2020 (et éventuellement plus de 60 millions sur le moyen terme) a choisi de complètement se couper de cette importante manne financière. Ce faisant, le Japon a porté un coup dur à son économie et par ricochet à l’emploi des étrangers au Japon qui y sont directement liés.
Guide accompagnateur, réceptionniste dans l’hôtellerie, billettiste, serveur, agent, etc. Les métiers de l’industrie du tourisme sont nombreux. Sans oublier le secteur de l’évènementiel qui a aussi beaucoup souffert ici.
De plus, il faut savoir qu’un grand nombre d’étrangers au Japon sont des employés sous contrats. Ces keiyakiuin comme on les appelle ici (けいやくしゃいん / 契約社員, l’équivalent de nos CDDs en France) sont fortement dépendants des entreprises qui les embauchent, mais aussi par extension des services d’immigration locaux.
Car contrairement aux contrairement aux seishain (せいしゃいん / 正社員- employé permanent d’une entreprise, l’équivalent de nos CDI), qui eux sont donc techniquement mieux protégés contre les vagues de licenciements massifs en temps de crise, ils doivent régulièrement faire renouveler leurs visas de travail.
Et pour tous les détenteurs de visas travail ici, qui dit pas de travail, dit pas de renouvellement de visa et donc un départ forcé du pays pour ceux incapables d’avoir pu retrouver un travail à temps plein dans les délais impartis.
Les étrangers qui sont restés sur l’archipel après mars 2020 se sont ainsi retrouvés dans une situation assez pénible : ceux qui avaient un travail et qui l’ont perdu ont dû choisir entre précarisation en attendant que la situation s’améliore ou tout simplement retourner dans leur pays. Ceux qui sont restés ont souvent dû accepter des emplois alimentaires ou des petits boulots (les fameux baitos), des emplois moins qualifiés et évidemment moins bien payés.
Lire aussi : Les baitos au Japon
Seul le secteur de l’enseignement, autre grand secteur d’embauche pour les étrangers ici a continué à embaucher – avec aussi plus de difficulté donc – des professeurs de langue.
Quelle aide a été apporté ?
Le gouvernement japonais a octroyé des rallonges de visas et plusieurs aides financières aux particuliers, aux auto-entrepreneurs et aux entreprises depuis le début de la crise.
Une première aide exceptionnelle de 100.000¥ (environ 750 €) avait été distribuée vers la mi-2020 à tous les résidents au Japon, étrangers compris. Une aide plus que bienvenue, mais qui évidemment ne permet que de vivoter faute de mieux pour ceux ayant perdu leur emploi.
En ce qui concerne l’aide aux entreprises, entre 20.000¥ et 200.000¥ par jour ont pu été distribués aux entreprises en fonction de leur taille par le gouvernement. Une aide parfois tout de même incapable de compenser les pertes engendrées par la crise, mais un apport financier non négligeable et vital pour ces entreprises qui ont parfois dû réduire à zéro leur activité comme dans le secteur touristique. Et tout le monde n’a pas été au même régime à ce niveau-là.
D’autres aides ont également été mises en place avec des systèmes d’emprunts spéciaux expliqués ici sur le site de la Japan External Trade Organization (Voir la section « Funding and credits« ).
Les rallonges de visas « Spécial Coronavirus » comme elles ont été surnommées, ont permis de prolonger la durée de résidence de certains visas, dont les Working Holiday Visa pour qui cela représente une première historique.
Lire aussi : La vérité sur l’immigration au Japon
Quelle sortie de crise possible ?
C’est bien simple, tant que les frontières du pays ne seront pas de nouveau pleinement ouvertes et que la levée des restrictions de déplacements à l’international ne sera pas totalement effective, il y a peu de chances de voir un retour à la normale.
Depuis fin mars 2020, l’attribution de nouveaux visas pour entrer au Japon est presque entièrement suspendue jusqu’à nouvel ordre et aucune date de réouverture n’a été proposée au moment de la publication de cet article. Il est donc difficile de se projeter dans l’avenir et chacun y va de son estimation personnelle, partagé entre espoir et impatience.
Cependant, au vu de l’évolution de la pandémie et de la vaccination dans le pays (environ 70% à l’heure actuelle), il semble assez probable que la réouverture, ne serait-ce que partielle des frontières, soit effective entre la fin 2021 et la mi-2022. C’est bien sûr une supposition à prendre avec d’énormes pincettes tant les rebondissements ont été nombreux lors de cette pandémie et parce que nous ne sommes pas à l’abri d’un nouveau variant ou de nouvelles vagues de contaminations post-vaccination.
Je précise donc encore une fois que c’est une estimation personnelle qui n’engage que moi et ne reflètera pas forcément la réalité. Le gouvernement et le nouveau premier ministre japonais n’ont encore rien annoncé, mais il est peu probable qu’ils décident d’accélérer les choses avant cette échéance. Ils peuvent tout aussi bien décider de laisser le pays fermé une année supplémentaire…
De plus, il est fort probable que cette réouverture des frontières soit progressive et sélective. Ce qui signifie malheureusement que les touristes seront très certainement les derniers à obtenir la possibilité de revenir dans le pays. La priorité sera vraisemblablement donnée aux voyageurs en provenance de pays ayant réussi à contrôler la propagation de la COVID-19 et au début en tout cas, aux voyageurs ayant passé avec succès les différentes barrières sanitaires et sécuritaires (tests, attestations, vaccins, quarantaines, etc.)
Il est aussi très probable qu’à l’instar d’autres pays comme la France, le Japon choisissent de mettre en place un système de passeport vaccinal une fois que la vaccination se sera généralisée sur l’archipel et dans le reste du monde. On peut déjà obtenir le sien après deux doses à sa mairie de quartier ici.
En tout cas, quelle que soit la date de réouverture des frontières, bon courage à tous ceux qui attendent depuis longtemps de venir, pour certains pour la première fois, dans ce beau pays qu’est le Japon !
Pour rester informé : Les news sur le site de l’ambassade du Japon en France
À bientôt sur MycrazyJapan !
Merci pour ce partage. Il semble un article très intéressant et l’information est également très utile.
Bonjour, merci pour cet article! C’était très intéressant et ça reflète vraiment la réalité de la majorité des étrangers résidants!