La vérité sur l’immigration au Japon

Immigrés, expatriés, étrangers ou « gaijins », travailleurs, résidents permanents, etc. Les dénominations sont nombreuses pour distinguer les nippons de ceux qui viennent vivre sur l’archipel.

Avec cet article, je vais essayer de vous en apprendre plus sur l’immigration au Japon et essayez de casser un peu les clichés qu’on peut entendre sur les étrangers ici. C’est un sujet souvent sensible et en général assez tabou et je vais donc le traiter de manière neutre et purement informative.

À chacun ses opinions, mais les chiffres sont ce qu’ils sont.

Comprendre le contexte historique.

Pour commencer, il faut déjà savoir que le Japon est un pays resté relativement fermé et s’est ouvert à l’international très tardivement comparé à d’autres pays. Entre 1641 et 1853, peu avant le début de l’ère Meiji en 1868, le pays s’est volontairement isolé politiquement. Au cours de cette période, appelée Sakoku (鎖国, littéralement « fermeture du pays »), la quasi-totalité des étrangers fut expulsée et les échanges commerciaux réduits au strict minimum.
Même les citoyens nippons étaient interdits d’entrer ou de sortir du territoire sous peine de mort !

Cette décision isolationniste prise par le Shogun Iemitsu Tokugawa a donc impacté considérablement le pays pendant des décennies voire des siècles et ancré durablement dans l’opinion publique mondiale l’idée que le Japon est un pays fermé aux étrangers.

Ensuite dès le début du XXe siècle et jusqu’en 1945, le Japon connait ses premières vagues migratoires, presque exclusivement composées de Coréens (appelés zainichi– 在日), mais également de Chinois. Ces premiers immigrants se sont réfugiés au Japon principalement à cause de la guerre et aussi pour des raisons économiques. Malheureusement pour eux, à cause de l’idéologie colonisatrice nippone de l’époque, ces immigrés, les Coréens surtout, étaient très mal considérés, régulièrement victimes de racisme, de discriminations et privés de leurs droits civiques. Une grande partie d’entre eux est par la suite retournée vivre en Corée dans la seconde moitié du XXe siècle. Les autres sont restés au Japon, sans forcément réussir à bien s’intégrer à la population locale.

D’où viennent les étrangers au Japon ?

En 2019, les cinq principaux groupes ethniques présents au Japon sont :

  • Chinois – environ 750 000 personnes
  • Coréens (du Sud et du Nord) – entre 500 000 et 700 000 (un chiffre difficile à évaluer à cause du statut de ces citoyens et de leur ascendance ou nationalité parfois floues)
  • Brésiliens – environ 280 000 personnes (dont beaucoup sont d’ascendance japonaise)
  • Philippins – environ 260 000 personnes
  • Péruviens – environ 60 000 personnes

Ces chiffres sont à considérer avec précaution car ils diffèrent en fonction des sources, fluctuent constamment et parfois fortement en fonction des périodes. On peut tout de même constater que l’immigration au Japon est composée en majorité d’autres étrangers d’origines asiatiques.

Que pense le gouvernement japonais de l’immigration ?

Comme je vous l’expliquais dans cet autre article, la population japonaise baisse inéluctablement depuis quelques années et rien ne semble pour l’instant pouvoir inverser le processus. Le gouvernement japonais a donc décidé de sérieusement s’attaquer à ce problème car cette baisse de la natalité pourrait gravement affecter l’économie du pays dans les années à venir. Et pour pallier rapidement le manque de main-d’œuvre à court-moyen terme, le gouvernement tente de faciliter l’accès des étrangers à certains visas de travail, dans les domaines les plus affectés par la crise démographique.

Comment a évolué l’immigration au Japon au cours des dernières années ?

Depuis 1975, les recensements ont mis en lumière un accroissement continu de la population étrangère présente sur le sol nippon. Elle est passée de 642 000 résidents (0,58 % de la population totale) en 1975 à 2 800 000 résidents aujourd’hui. Ce qui constitue à peu près 2 % de la population totale.

La proportion d’étrangers au Japon va très certainement continuer à croitre au cours des prochaines années, en particulier grâce aux efforts du gouvernement japonais pour faire venir des travailleurs étrangers, à la remigration des descendants de Japonais (appelés nikkeijin – 日系人), notamment en provenance des pays d’Amériques latines et également des mariages internationaux (à peu près 20 000 par an ; 2 à 3 % du nombre global de mariages au Japon).

Où vivent les immigrés Japonais ?

Pour diverses raisons, les Japonais ont eux aussi émigrés à l’étranger, principalement au cours du siècle dernier. En 2019, la diaspora japonaise compterait plus ou moins 1.4 millions de personnes dans le monde, réparties surtout entre les États-Unis (environ 430 000), la Chine (environ 125 000), l’Australie (environ 100 000), la Thaïlande (environ 75 000) et le Canada (environ 70 000). Il faut ajouter à cela le Brésil où se trouve la plus importante communauté de Japonais et de descendants de Japonais avec plus de 1.6 millions de personnes d’ascendance japonaise et 56 000 expatriés nippons.

Concernant la France, quelque 42 000 Japonais y vivent, en particulier dans la région parisienne. C’est une immigration plutôt récente, qui a eu surtout eu lieu au cours des 20 dernières années.

Estimation de la diaspora japonaise. Source : Wikipédia

Et les Français au Japon dans tout ça ?

Selon les chiffres du gouvernement français, les Français résidents au Japon seraient quasiment 13 000. Ils résident majoritairement dans la région de Tokyo ou dans la conurbation formée par les villes de Kyoto, Osaka et Kobe dans la région du Kansai. Parmi les ressortissants de pays européens, les Français constituent la plus grosse communauté après le Royaume-Uni.
Je parle bien sûr des résidents permanents ou au moyen-long terme, binationaux et autres types d’expatriés qui ont déclaré habiter au Japon et n’y sont pas de passage. Ce chiffre ne prend donc pas en compte les étudiants, stagiaires, pvtistes et les touristes Français bien sûr. En ajoutant ces Français vivant à court-moyen terme ou étant de passage, nous sommes en fait bien plus nombreux.

Que pensent les Japonais de l’immigration dans leur pays ?

C’est un sujet sensible comme partout ailleurs et l’opinion publique est plutôt divisée sur le sujet. Les Japonais étant pour la plupart assez conservateurs, certains voient évidemment d’un mauvais œil le Japon se transformer en une nation multi-ethnique. Mais face aux graves problèmes de natalité, beaucoup sont pragmatiques et savent bien que leur pays va devoir davantage s’ouvrir à l’international et permettre aux étrangers d’origines diverses de faire pleinement partie de leur nation.
Aujourd’hui encore, il est toujours difficile pour les étrangers, mais aussi pour les enfants métis (appelés haafu – ハーフ) d’être parfaitement assimilé au sein de la société nippone.

Face aux changements et aux défis apportés par la mondialisation au XXIe siècle, les mentalités commencent lentement à évoluer et à s’ouvrir sur l’archipel.

Conclusion personnelle

Le Japon reste encore aujourd’hui une des nations les plus homogènes ethniquement au monde. Mais elle est malgré tout devenue une société multi-ethnique, bien plus qu’elle ne semble l’admettre. Ce multiculturalisme a néanmoins été tardif, parfois dur à assimiler et reste moindre comparé à d’autres pays.

Et cette diversité ethnique est vouée à s’accroitre encore dans le futur. Du fait du vieillissement rapide de sa population et du faible nombre de naissances sur l’archipel, le Japon va devoir faire appel à de plus en plus de main-d’œuvre étrangère pour pallier le manque de travailleurs. Il faut ajouter à cela les naissances croissantes d’enfants binationaux, qui même s’ils n’ont le droit de posséder qu’une seule de leurs deux nationalités, sont bien les héritiers de deux peuples différents.
Tous pays confondus, il y aurait dans les 10 000 naissances d’enfants binationaux par an au Japon (sur un total approchant le million). Environ un enfant sur 40 naîtrait ainsi aujourd’hui au Japon avec au moins de ses parents qui est non-Japonais.

Il faut cependant noter que les autorités nippones responsables des statistiques ne collectent pas d’informations sur l’appartenance ethnique de leurs concitoyens, seulement sur leur nationalité. Du coup, les Japonais natifs et ceux qui ont été naturalisés sont considérés comme un seul groupe.
C’est-à-dire que les enfants métis nés au Japon ou ayant choisi la nationalité japonaise ainsi que les étrangers naturalisés sont considérés comme des Japonais pur-souche. En tout cas du point de vue des autorités… Ce qui signifie donc qu’il y a en réalité plus de métissage au sein de la société japonaise que ce que les chiffres illustrent.

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Sources consultées pour écrire cet article :

  • Wikipédia
  • Perspective Monde
  • Nippon.com

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