Le Japon est-il un pays réfractaire au progrès ?

Le Japon, ce pays réfractaire au progrès

Le Japon est souvent présenté comme étant un pays très avancé technologiquement. Mais le Japon serait-il en fait un pays réfractaire au progrès ?

C’est un pays où l’on peut trouver des distributeurs de boissons à écran tactiles, des robots humanoïdes nous accueillant à l’entrée de certaines boutiques de télécom ou encore des toilettes Hi-Tech dont on peut souvent faire l’expérience en tant que touriste.

Mais la vérité c’est que n’importe quel étranger ayant habité au Japon un certain temps vous dira que le Japon est bel et bien un pays fermé à de nombreuses avancées technologiques. Les quelques exemples que je vous présente dans cet article devraient vous donner un aperçu de ce dont je parle.

Hanko - MycrazyJapan

Le Hanko

Le Hanko (判子) aussi appelé inkan (印鑑) est un petit tampon à encre où le nom de famille est gravé et qui sert à signer les documents importants au Japon. Il peut être individuel, familial ou porter le nom d’une entreprise. C’est un petit accessoire qui rend fou bon nombre d’étrangers au Japon car on ne sait jamais à quel moment on va vous le demander. Il faut constamment l’avoir avec soi à la mairie, à la banque ou aux impôts par exemple, au risque de s’entendre dire : « Revenez avec votre hanko ! ».

Il est pourtant parfaitement normal de signer des documents à la main au Japon comme partout ailleurs et cette méthode suffit dans l’immense majorité des cas. Mais certaines institutions, les banques notamment, demandent encore très souvent un hanko comme une certification supplémentaire.

Pour l’anecdote, lors du semi-confinement décrété en avril-mai 2020 pour stopper la progression du coronavirus, des employés de grandes entreprises, confinés chez eux en télétravail, devaient quand même physiquement revenir sur leur lieu de travail chaque jour afin de signer des documents à l’aide d’un hanko. Car au Japon, une loi plutôt étrange stipule qu’un hanko d’entreprise ne doit pas quitter les bureaux…

L’absurdité de cette situation a aussi pas mal choqué au Japon alors que l’immense majorité des citoyens Japonais ont bien respecté les consignes de sécurité.

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Le fax

Le fax est une relique technologique dont l’utilisation a bizarrement toujours cours au Japon. Aussi incroyable que cela puisse paraître, au sein de nombreuses entreprises japonaises, le principal moyen de communication, parfois devant l’email est encore le fax.

Dans certaines écoles où j’ai eu l’occasion de travailler, j’étais toujours surpris de voir  mes collègues s’échanger des fichiers par fax alors qu’un simple mail ou une clé USB aurait suffi. Et du coup, il y a beaucoup de paperasse qui circule et je trouve que c’est vraiment du gaspillage. Et au cours de certains meetings, ils utilisaient encore parfois des rétroprojecteurs comme ceux qu’on avait au collège…

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Le Japon est-il réfractaire au progrès ?

Les câbles électriques

Si vous êtes déjà venu au Japon et que vous avez visité un peu, vous avez dû vous rendre compte que de très nombreux fils et câbles électriques s’entrecroisent au-dessus de votre tête. Dans certains quartiers, l’enchevêtrement est tel que ça donne presque un charme pittoresque à l’endroit.

La raison de cette présence massive de câbles électriques au-dessus des têtes, c’est qu’il est difficile en ville d’enterrer des câbles dans un sol déjà très bétonné et truffé de conduites d’eau, de gaz et d’accès aux lignes de métro. Cela coûte donc plus cher d’enterrer les câbles. Surtout, lors des catastrophes naturelles qui touchent souvent le Japon, il est plus facile de remettre en état des poteaux que des conduites souterraines. Même si en définitive le risque pour le public est plus grand car de nombreux câbles sont jetés au sol lors des typhons ou des tremblements de terres.

Le gouvernement japonais réfléchit d’ailleurs à ce problème depuis plusieurs années car ces fils télégraphiques et leurs poteaux représentent tout de même une gêne esthétique pour beaucoup de citoyens japonais. La ville de Kyoto a par exemple décidé d’en retirer afin de retrouver son charme d’antan. Personnellement je trouve cet enchevêtrement de câbles plutôt joli.

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Le bankbook

Le bankbook, aussi appelé passbook (tsuuchou/通帳 en japonais) est un petit livret qui sert à noter les mouvements effectués sur le compte bancaire. Il faut se rendre dans un distributeur d’argent de sa banque, insérer le fameux bankbook et les dernières opérations seront électroniquement tapées par la machine.

Même s’il n’est pas une spécificité japonaise, le livret de banque est encore très utilisé sur l’archipel. À tel point que lors de l’ouverture d’un compte, on vous demande encore souvent si vous préférez utiliser un bankbook ou avoir accès à vos comptes en ligne.

Aujourd’hui pourtant, la plupart des banques dans le reste du monde permettent à leurs clients d’effectuer un grand nombre d’opérations par eux-mêmes, via un compte en ligne ou une application sur smartphone. Le bankbook est l’un de ces symboles qui montre la dépendance inexplicable des Japonais au papier.

Le Japon est-il réfractaire au progrès ?
Un modèle de rirekisho, le CV japonais.

Le CV écrit à la main

À l’heure où tout les candidats rivalisent de créativité à l’aide de logiciels de pointe pour concevoir des CVs originaux et personnalisés, les entreprises japonaises persistent à exiger des candidats qu’ils écrivent leur CV (rirekisho/履歴書) à la main !

Car ici on dit que la personnalité de quelqu’un se voit à travers la façon dont les kanjis sont tracés. Il est vrai qu’une mauvaise écriture ne donne pas une bonne image d’une personne, mais de là à systématiquement exiger un CV écrit à la main, je trouve que c’est beaucoup demandé.

La difficulté de payer par carte bancaire

L’une des choses qui me frustre le plus dans ce pays, c’est la difficulté de payer par carte bancaire. Partout ailleurs dans le monde, il est possible de payer par CB, parfois sans contact, via son téléphone ou même via une montre connectée ! Au Japon rien de tout ça. Dans certains magasins, supermarchés et restaurants il est même tout simplement impossible de payer par carte bleue car les locaux ne sont pas équipés de terminaux.

Et les piètres tentatives du gouvernement et des banques japonaises pour moderniser ce secteur ne font pas beaucoup avancer les choses.
Récemment, pour inciter les gens à moins utiliser d’argent liquide, ces dernières ont mis en place  – ou augmenté – les frais de retrait dans les distributeurs d’argent… Le gouvernement a aussi lancé fin 2019 une « cashless campaign » d’une durée de 8 mois et qui permettait d’obtenir de 2 à 5 % de réduction dans les magasins partenaires sous formes de points bonus pour les détenteurs de CB japonaises.

La raison à toutes ces aberrations et retards technologiques, c’est que malgré le fait que le Japon soit souvent parmi les premiers pays à avancer technologiquement, c’est un pays aux méthodes très conservatrices. Certaines traditions et coutumes sont très ancrées dans la société nippone et le Japon évolue finalement très lentement comparé à d’autres nations.

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Une dernière anecdote amusante : Fin 2018, Yoshitaka Sakurada, le ministre de la cybersécurité avouait n’avoir jamais touché à un ordinateur de sa vie ! Il déléguait en fait tout à ses subordonnés. Un cas typique du conservatisme nippon.
Vous pouvez retrouver l’article complet sur le site du journal Le Monde par exemple.

À bientôt sur MycrazyJapan !

 

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