Le scandale des animal cafés au Japon

S’il y a bien une pratique que je n’approuve pas au Japon, c’est bien celle des animal cafés, qui de mon point de vue est un vrai scandale.

Ils pullulent de plus en plus dans les quartiers branchés des grandes villes nippones car c’est devenu un business très lucratif. Siroter une boisson entouré d’animaux mignons est un concept plutôt récent mais qui est rapidement devenu à la mode. L’idée est née à Taïwan en 1998, mais le concept a été popularisé au Japon et il s’exporte de plus en plus à l’étranger.

Pour beaucoup de touristes au Japon aussi, ce genre d’attraction est devenu un passage obligé et ces cafés sont devenus le rendez-vous de nombre d’instagrammeurs.

La plupart de ces animal cafés (doubutsu cafe – 動物カフェ en japonais) sont des cafés à chats (neko cafe – 猫カフェ). Mais face aux succès rencontré, l’offre s’est diversifiée et on trouve maintenant des cafés avec des chouettes et autres rapaces, des reptiles, des hérissons et même des pingouins…

Pourquoi c’est un problème ?

Je pense honnêtement que la plupart des personnes ne se rendent pas compte à quel point ce genre d’établissement exploite les animaux à des fins lucratives. Car derrière l’image kawaii et les bonnes intentions que veulent se donner ces cafés (connecter les humains et les animaux et permettre aux premiers de se relaxer), il y a toute une industrie. Et même si les animaux ont l’air heureux et bien traités, ils constituent la base d’un système financier très rentable et bien rodé. On ne vous montrera évidemment que les bêtes en bonne santé.

Il faut toujours garder toujours à l’esprit que ce n’est pas parce qu’un animal a l’air heureux et en bonne santé qu’il l’est vraiment… Et à partir du moment où une entreprise gagne de l’argent en utilisant des animaux, c’est de l’exploitation animale et rien d’autre.

Lors de mes débuts au Japon, j’avais été faire un tour par curiosité dans un de ces cafés présentant des chouettes – owl cafe – et c’est peu de dire que j’en ai été bien déçu. Les pauvres volatiles étaient attachés toute la journée sur des poteaux avec des cordes de 20 cm, sans aucun endroit où s’abriter, incapables de voler ou d’interagir entre eux, manipulés en permanence par les clients. Et en plus les boissons étaient absolument hors de prix. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que ces animal cafés étaient un vrai scandale. J’y avais d’ailleurs déjà fait allusion dans un précédent article (lien ci-dessous).

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L’envers du décor

Il y a par-dessus tout le problème de la provenance de ces animaux. Pour les chiens et les chats j’imagine qu’ils proviennent de filière contrôlés sur l’archipel. Mais aucun des animaux exotiques présentés au Japon dans ces cafés n’est originaire de l’archipel, en particulier les hérissons, chouettes et hiboux, loutres et autres reptiles. Ces NAC comme on les appelle (pour Nouveaux Animaux de Compagnie) ont forcément été prélevés quelque part et certaines espèces sont en danger ou protégées dans leur pays d’origine. Pour les autres, ils proviennent sûrement de fermes d’élevages et sont donc élevés en batteries dans des conditions bien souvent calamiteuses pour alimenter ce marché puis importés pour alimenter le marché.

Quelques-uns de ces cafés ont apparemment déjà été fermés pour avoir enfreint la loi sur le trafic d’espèces protégées (qui est d’ailleurs très stricte au Japon) ou les lois sur le bien-être animal. Des cas de sédation des animaux et d’autres pratiques abusives ont même été reportés par les médias japonais.

Les animaux exotiques sont évidemment parmi les plus affectés par ces contraintes d’espace qui les stresse et brise leurs cycles naturels d’alimentation, de repos et de reproduction. De manière générale, peu d’animaux tolèrent le fait d’être confinés dans des espaces étroits en contact permanent avec les humains.

Ces derniers temps, en Europe et en France surtout, l’engouement pour les spectacles comportant des animaux (zoos, parcs marins ou cirques) est en chute libre. Les associations de protection des animaux ont, depuis quelques années déjà, levé le rideau sur les coulisses de l’exploitation animale et ce qu’ils ont mis à jour a suffisamment choqué l’opinion publique pour que des mesures concrètes de protection soient prises. Tout est encore loin d’être parfait, mais ça va dans la bonne voie. Rien de tout ça au Japon, où l’on préfère encore et toujours pratiquer la politique de l’autruche au profit du business.

Il n’y a d’ailleurs pas que les animal cafés au Japon qui exploitent les animaux. Les zoos nippons sont de véritables prisons et on peut encore parfois assister à des spectacles de singes dans certains parcs d’attractions (Universal Studio Japan à Osaka notamment). Vous savez, ceux où les singes font des tours acrobatiques au bout d’une laisse pour ensuite vous quémander quelques pièces…

Je pense sincèrement que si le problème était publiquement exposé, les Japonais aussi y penseraient à deux fois avant de se rendre dans ce genre d’endroits. Mais je connais trop bien le Japon et j’ai peu d’espoir que le signal d’alarme soit tiré dans les prochaines années. Quand on voit l’échec retentissant qu’à été le mouvement #MeToo ici, on imagine difficilement les animaux s’en tirer à meilleur compte que les femmes japonaises.

Alors tout n’est pas quand même pas à jeter concernant ces cafés. Je pense qu’il n’y a rien de mal à aller faire un tour dans ces cafés si les animaux présentés sont domestiqués (chats, chiens ou lapins/rongeurs). Et certains cafés à chats s’occupent par exemple de récupérer les félins errants pour les placer ensuite gratuitement dans des familles d’accueil via le café. Dans les cafés à chiens (inu café – 犬カフェ), les propriétaires peuvent également y emmener leur animal de compagnie et profiter d’un espace adapté.

Mais en tout cas, il est clair que le Japon a encore beaucoup à faire concernant le respect des droits des animaux. Et je pense vraiment qu’en tant que touriste, vous pouvez vous passer de ce genre d’expérience. Il y a tellement d’autres choses géniales à faire au Japon si vous voulez remplir votre compte Instagram de belles images.

Voilà c’était mon coup de gueule sur ce sujet qui me tient à cœur. Si l’article vous a plu, n’oubliez pas de liker et de partager !

À bientôt sur MycrazyJapan !