Les Japonais sont-ils des kidnappeurs d’enfants ?

Sous ce titre d’article un peu offensif se cache un vrai problème de société aux répercussions internationales.

Car il n’y a rien de pire que de se voir enlever ses enfants. Encore plus quand l’enlèvement est commis par l’autre parent, car c’est le genre de kidnapping que l’on ne voit jamais venir. C’est ce qui est arrivé à un certain nombre de Français.e.s, marié.e.s à des Japonais.e.s et qui se sont vu retirer la garde de leurs enfants ou les ont vu disparaître du jour au lendemain avec l’autre parent.

Des histoires d’accusations d’enlèvements d’enfants au Japon tournent déjà depuis quelque temps sur Internet. Pour vous donner une idée de l’ampleur du problème, voici une sélection de quelques articles récents publiés dans la presse française et qui relatent ces histoires.

Comme vous pouvez le voir, ce sujet revient de manière de plus en plus récurrente dans l’actualité en France, mais aussi à l’étranger car c’est un problème qui touche de nombreuses autres nationalités. Ces affaires ont finalement éclaté au grand jour, depuis que l’émission « Envoyé Spécial » y a consacré un reportage en mars 2019 (à revoir en entier ici sur YouTube). Ce reportage a choqué et fait réagir beaucoup de monde notamment au sein de la communauté de Français vivant au Japon en montrant une facette du Japon beaucoup moins bienveillante que celle qu’on a l’habitude de voir.

Le président français a même rencontré certains parents dans cette situation lors de sa visite au Japon en juin 2019.

Quel est le problème et pourquoi ce phénomène est-il endémique au Japon ?

En fait au Japon, le système de garde alternée n’existe pas et la législation stipule qu’un seul des parents peut obtenir la garde des enfants (qui se dit « shinken/親権 » en japonais) et donc l’autorité parentale après le divorce. Il peut toujours y avoir des arrangements entre les parents au moment du divorce ou auprès d’un tribunal, mais comme peu de procédures de divorce débouchent sur des accords à l’amiable, chaque année des milliers de mineurs Japonais se retrouvent sans aucun contact avec l’un de leurs parents (le plus souvent le père).

Vous comprenez maintenant que ce phénomène ne touche pas que les étrangers. Les pères et parfois même les mères japonaises sont les premiers touchés par cette aberration qui consiste à ne légalement donner la garde qu’à un seul des parents.
Selon les statistiques japonaises, c’est environ 150 000 enfants qui seraient séparés d’un de leur parent chaque année. Car le parent qui a la garde peut disposer à sa guise de sa progéniture et par conséquent décider de la soustraire complètement à son ex-conjoint. Et ce en toute impunité car la législation nippone le permet ! Et pour décider de qui aura la garde, c’est souvent premier arrivé, premier servi … En gros, le premier qui part avec les enfants sait que l’autre parent sera presque dans l’impossibilité de les revoir s’il/elle refuse d’accorder un droit de visite.

Certaines situations relèvent clairement du kidnapping car les enfants sont dissimulés contre leur volonté et les autorités ne sont pas au courant de la réalité de la situation. Et même quand ils le sont, ni l’État, ni la police japonaise ne peuvent malheureusement rien y changer car ils n’ont pas l’autorité nécessaire pour s’impliquer dans ces affaires de famille. Le Japon a pourtant ratifié la Convention Internationale relative aux droits de l’enfant de l’ONU en 1994, mais ne l’applique pas dans la réalité.

Pour résumer la difficulté de la situation, le parent kidnappeur n’a pas à s’inquiéter tandis que l’autre parent se retrouve enlisé dans des procédures qui ont très peu de chances d’aboutir en sa faveur. Cette situation est évidemment encore plus difficile pour les étrangers car s’ajoute à ça la barrière géographique, linguistique et légale car les lois françaises n’ont pas effet sur l’archipel. Actuellement, plusieurs dizaines de parents français seraient dans cette situation.

Dans la vidéo ci-dessous par exemple, une jeune métisse témoigne de son enlèvement par sa mère Japonaise et les répercussions que cela a causé dans sa vie. Honnêtement, le témoignage est assez glaçant…

Comment se prémunir contre ce danger ?

Tout d’abord premier conseil : ne vous mariez pas avec n’importe qui ! Comme je vous l’expliquais dans cet autre article, il y a plusieurs signes qui doivent vous alerter sur l’état mental ou la personnalité troublée de la personne à qui vous avez affaire.
Certaines femmes Japonaises ont la réputation de ne chercher qu’à avoir des enfants, sans considérer la relation de couple qui va avec. Faites attention à ces signes qui en disent long sur la mentalité d’une personne car c’est votre mariage après tout et idéalement vous ne devriez avoir à le faire qu’une fois. Donc faites le bon choix de personne, sans précipitation et surtout ne vous mariez pas juste pour obtenir un visa. Car si vous divorcez, vous perdrez automatiquement votre visa époux et donc votre droit de résidence au Japon et les choses peuvent vite devenir problématique pour vous.

Un exemplaire de fujuri moushide todoke à remplir et à déposer à la mairie.

La deuxième façon, au niveau légal, est de soumettre après vous être marié à la mairie un document appelé  » fujuri moushide todoke – 不受理申出 ». Il faut savoir que sur l’archipel, divorcer est extrêmement simple et il est possible de remplir une demande de divorce (un document appelé « rikon todoke – 離婚届 ») à la mairie sans la présence de l’autre conjoint ou même d’envoyer une tierce personne donner le papier à votre place.

Comme il l’est clairement expliqué dans la vidéo ci-dessous, si votre conjoint remplit une demande de divorce en imitant votre signature ou en vous le faisant signer à votre insu, vous ne pourrez rien y faire et ne pouvez pas revenir en arrière.
Surtout, sur ce document, il est demandé aux signataires d’indiquer qui aura la garde des enfants après le divorce. Votre autorité parentale se joue donc à ce moment-là et laisser votre conjoint nippon simplement inscrire son nom dans cette case vous retirera tous vos droits légaux. Vous serez donc par la suite à la merci du bon vouloir de votre ex-conjoint qui pourra donc décider de vous laisser revoir ou pas votre progéniture.
En soumettant au préalable un fujuri moushide todoke, il sera impossible à votre conjoint japonais de soumettre unilatéralement une notice de divorce à la mairie japonaise sans votre autorisation.

Alors bien sûr ce seul document ne sauvera pas votre mariage si jamais rien ne va plus. Votre conjoint japonais peut quand même décider de kidnapper vos enfants à tout moment, sans même passer par une demande de divorce. Mais tant que vous êtes légalement marié-e, vous avez des droits parentaux et vous pourrez négocier. Mon ultime conseil dans cette situation : Prenez un bon avocat nippon et assurez-vous au préalable qu’il soit un partisan de la garde alternée !

Une autre façon d’éviter de se retrouver démuni face à ce genre de situations est de chercher par vous-même dès le départ un visa. Ainsi vous ne serez pas dépendant de la situation de votre mariage ou de votre conjoint japonais.
Honnêtement, le visa époux est très pratique ici car il permet notamment de travailler dans n’importe quel secteur sans limitations. Mais il est utile de savoir que vous pouvez vous marier officiellement sans devoir faire une demande de spouse visa par la suite. Si par exemple vous êtes en possession d’un visa permanent (Permanent Resident Visa) ou d’un High Skilled Visa, vous ne gagnerez pas forcément au change car sur l’archipel les visas ne se cumulent pas, mais se substituent.

Lire aussi : Obtenir un visa de travail au Japon

Comment faire pour faire bouger les choses ?

Si cet article vous a touché (ou épouvanté !) et que vous cherchez à agir afin que ces affaires ne se reproduisent plus, voici ce que vous pouvez faire.

Des associations ont été récemment créées pour apporter du soutien ou aider juridiquement les parents victimes tel que Sauvons nos enfants Japon. N’hésitez pas à leur apporter votre soutien via leurs réseaux et à coopérer avec eux si vous pensez que vos services ou vos informations peuvent aider la cause. Voici le lien de leur chaîne YouTube.

Parlez du sujet sur les réseaux sociaux et autour de vous pour alerter sur ce phénomène. Connaître le problème, c’est au moins avoir plus de chance de l’éviter.

Je termine en précisant que j’adore le Japon (j’y vis depuis des années maintenant) et je crois beaucoup en son potentiel. C’est une contrée magnifique autant par ses paysages que par son peuple et sa culture. Ce pays est pour moi un exemple à suivre dans de nombreux domaines. Mais chaque nation possède ses défauts et je pense qu’il est juste d’aussi les mettre en lumière quand c’est nécessaire.

C’est également la devise de ce blog, de parler en toute objectivité de tout ce qui concerne le Japon, sans filtre, du positif comme du négatif et j’en suis très fier. J’ai eu vent de ce sujet sur Internet et j’ai eu envie d’écrire dessus afin d’informer et de prévenir tous ceux qui pourraient un jour se retrouver dans cette situation révoltante. Cet article n’est donc pas une critique gratuite, mais un plaidoyer pour une cause que je pense juste.

Espérons que les choses bougent rapidement afin que les actuels et futurs parents d’enfants métisses japonais n’aient plus à subir ces injustices.

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À bientôt sur MycrazyJapan !

 

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